Lettre ouverte au President de la France

Published on by KANYARWANDA

Lettre ouverte au President de la France.......Pour que la democratie au Rwanda soit
Organization For Peace Justice and
Development in Rwanda, (OPJDR) Inc. Organisation Pour la Paix, la Justice et le
Développement au Rwanda, (OPJDR) Inc P.O. Box 784 • Manchester, NH • 03105- PHONE: (603) 621-0264 www.opjdr.org OPJDR is a non-profit and apolitical Human Rights Organization. Its mission is to promote the respect of human rights and Cultural, educational, and economic development in the Great Lakes Region of Africa.

1
Son Excellence Mr. Nicholas Sarkozy February 10, 2010
Président de la République Française Nº 015/PK/P/210
Palais de l'Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris - France

Objet: Votre prochaine visite officielle au Rwanda – 26 Février 2010

Monsieur le Président;

L’Organisation pour la Paix, la Justice et le Développement au Rwanda et dans les Pays de la Région des GrandsLacs d’Afrique, Inc. (OPJDR), organisation sans but lucratif et apolitique, militant essentiellement pour laprotection des droits humains dans les Grands Lacs Africains a été agréablement surprise du rétablissement des relations diplomatiques entre le Rwanda et la France survenu le 29 Novembre 2009. Par ailleurs nous apprenons de sources officielles que vous allez effectuer une visite officielle au Rwanda autour du 26 Février 2010 pour renforcer les liens d’amitié et de coopération entre nos deux peuples. Cependant, l’OPJDR et autres observateurs avisés de la situation dans les régions des Grands Lacs Africains se posent beaucoup de questions sur les modalités du réchauffement de ces relations que le Général Kagame avait unilatéralement rompues en Novembre 2006. En conséquence, l’OPJDR voudrait vous demander qu’à l’occasion de votre visite officielle à Kigali, de bien prendre le temps d’éclairer et de rassurer le peuple rwandais et français sur la position de la France sur les points d’inquiétudes mentionnés ci-dessous.

1. Monsieur le Président, le régime de Kigali accuse régulièrement et à haute voix Paris d’avoir eu une part active dans le génocide des tutsis au Rwanda de 1994. Il est vrai que la France a été un observateur privilégié des événements qui ont endeuillé le Rwanda depuis Octobre 1990 quand le Front Patriotique Rwandais (FPR), actuellement au pouvoir à Kigali, appuyé par l’Uganda a envahi le Rwanda. La question que se pose le peuple rwandais est la suivante: Qu’est ce que la France a fait ou n’a pas fait? Qu’est ce que la France a vu ou n’a pas voulu voir? Le silence de la France devant les accusations nourries du régime de Kigali inquiète le peuple rwandais qui veut savoir pourquoi il y a eu tant de morts au su et au vu de la communauté internationale, y compris la France. Devrions- nous être contraint d’accepter de tomber dans cette facilité de« Qui Ne Dit Rien Consent»?

2. En Novembre 2006, le juge antiterroriste français, Monsieur Jean Louis Bruguière a lancé des mandats d’arrêts internationaux à l’encontre des neuf proche collaborateurs du Général Kagame et a demandé à l’ONU de traduire Kagame lui-même devant une juridiction internationale suite à leur implication dans l’attentat contre l’avion présidentiel qui coûta la vie au Président Habyarimana du Rwanda, à son homologue Cyprien Ntaryamira du Burundi, à leur suites ainsi qu’ à l’équipage français de l’aéronef en date du 6 Avril 1994. Plus d’un s’accordemaintenant à affirmer que cet acte terroriste a été le déclencheur du génocide et autres massacres qui endeuillent le Rwanda depuis lors. C’est suite à ces mandats d’arrêts que le Général Kagame a unilatéralement rompu toute relation diplomatique avec la France.
Quand, en date du 9 Novembre 2008, l’Allemagne arrêta Madame Colonel Rose Kabuye qui fut remise aux autorités françaises quelques jours plus tard, les familles des victimes de l’attentat du 6 Avril 1994 et autres massacres qui s’en ont suivis commençaient à espérer que peut être la vérité allait afin éclater. Ces victimes dut déchanter quand le Colonel Rose Kabuye fut aussitôt mise en liberté malgré de lourdes charges de terrorisme contre elle. Ces mêmes victimes fut ahuries quand, contre toute règles élémentaires de protocole et de diplomatie, Madame Rose Kabuye, accusée de terrorisme en France, fut la plus haute personalité rwandaise à accueillir à l’aéroport Mr. Bernard Kouchner, Ministre Français des Affaires Etrangères et Européennes, lors de sa récente visite officielle au Rwanda. Les victimes françaises et rwandaises de l’attentat du 6 Avril 1994 craignent fortement que l’amitié séculaire entre le Ministre Kouchner et le Général Kagame ne prenne le pas sur la justice. Monsieur le Président, une position claire sur ce point rassurerait les uns et les autres.

3. L’attentat du 6 Avril 1994 a coûté la vie à deux chefs d’Etat Rwandais et Burundais, encore en exercice, à leur suite ainsi qu’à l’équipage français de l’aéronef. D’aucun s’attendait à ce qu’une enquête internationale fut diligentée pour démasquer les auteurs de cet acte terroriste. Il n’en fut rien et pourtant quand Mr. Rafik Hariri, ex premier ministre libanais fut assassiné à Beyrouth, ou lorsque Madame Benazir Bhutto fut assassinée au Pakistan lors d’un meeting électoral, la France fut un des premiers pays à demander des enquêtes internationales avec tribunaux spéciaux pour juger ces crimes.

Monsieur le Président, pourquoi ce deux poids, deux mesures?
Au chapitre des droits de l’homme et de la démocratie, le peuple rwandais est en désarroi. Au moment même ou nous écrivons ces lignes, les quelques individus qui osent élever une voix discordante sont entrain d’être écrasées par la machine oppressive du régime Kagame. En effet, Madame Victoire Umuhoza Ingabire, présidente d’un parti d’opposition, Forces Démocratiques Unifiées (FDU - Inkingi), et candidate aux élections présidentielles prévues le 9 Août 2010, récemment rentrée au Rwanda après 16 années d’exil pour faire enregistrer son parti, a été lynchée le 3 Février 2010 à l’intérieure même des bureaux administratifs du secteur Kinyinya, dans la banlieue de la capitale Kigali où elle était pourtant partie sur rendez vous des autorités locales pour retirer quelques pièces administratives
d’usage.
Trois jours plus tard, son assistant, Mr. Joseph Ntawangundi, tabassé pendant l’incident du 3 Février 2010 a été arrêté puis incarcéré sur charges de génocide de 1994, pourtant Monsieur Joseph Ntawangundi n’était pas au Rwanda au moment des faits. Il apparaît qu’au moment de votre visite ces quelques voix critiques du gouvernement y compris l’opposant Bernard Ntaganda, président du parti agréé, Parti Social – Imberakuli, et aussi candidat aux présidentielles de 2010, seront soit en prison soit tues. En effet dans sa conférence de presse du 8 Février 2010, le président Paul Kagame a affirmé que ses opposants allaient se heurter tôt ou tard, à « un mur ». Connaissant les méthodes passées et présentes du Général Kagame, on craint le pire. Le peuple rwandais attend de votre visite un
message de paix qui rappelle au leadership du pays que la démocratie et la liberté d’opinions sont des droits inaliénables de tout être humain que tout gouvernement devrait respecter.

5. Lors de votre séjour au Rwanda, on vous parlera certainement des Gacaca, ces tribunaux semi traditionnels mis en place pour juger des centaines de milliers de personnes présumées génocidaires en prisons, certains depuis plus de 15 ans sans dossiers ni jugements. En effet Monsieur le Président, il est apparu au fur des mois que ces tribunaux n’ont pas été institués pour rendre une quelconque justice mais plutôt un moyen d’écarter l’élite hutue de la gestion des affaires du pays à travers des syndicats de délateurs entraînés par les associations des rescapés du génocide tels qu’ IBUKA et AVEGA, le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR) opérant en France, ou encore par les tristement célèbres services de renseignement DMI (Directorate of Military Intelligency) pour fabriquer de toutes pièces des preuves à charge contre des innocents. Dans son récent rapport annuel 2009, l’organisation des
droits de l’home Human Right Watch (HRW) rapporte que les cas devant ces tribunaux populaires sont plus tôt en rapport avec une politique de faire taire les opposants politiques que des cas de génocide de 1994.
En effet Monsieur le Président ces tribunaux n’hésitent même pas à condamner les gens ou qui n’étaient pas au Rwanda au moment des faits, comme le cas de Mr. Joseph Ntawangundi précité, ou des personnes décédées au moment des faits, tel est le cas de Monsieur Nzabakikante Melane, frère cadet du Président assassiné Juvénal Habyarimana, décédé en 1989 mais condamné par les tribunaux Gacaca pour avoir pillé des vaches des Tutsi en 1994, soit cinq ans après sa mort.

6. La stratégie de faire taire toute critique au régime de Kigali en utilisant les prétendus charges de génocide ont dépassé les frontières du Rwanda et s’applique aussi de façon impitoyable aux nombreux exilés d’origine rwandaise installés partout dans le monde , y compris en France. En effet Monsieur le Président, les citoyens d’origine rwandaise installés en France sont continuellement harcelés par le CPCR, puis emprisonnés avec menaces d’être déportés vers le Rwanda. L’OPJDR voudrait que vous réaffirmiez haut et fort que la justice française est indépendante et que toutes les victimes de la tragédie rwandaise y comprise celles du FPR méritent justice.

Enfin, nous espérons que vous mentionnerez avec le Général Paul Kagame le cas de Monsieur Jean Rwabahizi,citoyen français, incarcéré à Kigali depuis le 12 Janvier 2010 pour génocide alors qu’il avait travaillé continuellement sans s’inquiéter pendant plus de 20 ans pour l’Ambassade de France au Rwanda jusqu'à sa fermeture en 2006.

7. Monsieur le Président, il est de notoriété publique que la négociation est le meilleur moyen de résoudre les conflits, armés ou non armés. Ce principe a été prôné et mis en application avec succès au Burundi où toutes les factions progressent vers une paix durable, en Uganda où le gouvernement a mené des pourparlers avec l’Armée de Libération du Seigneur (Lord’s Resistance Army- LRA), en République Démocratique du Congo où toutes les factions se sont récemment retrouvées autour d’une table de négociations à Goma pour discuter de la paix dans leur
pays.
Mais quand il s’agit du Rwanda, pourtant épicentre du conflit dans la région des Grands Lacs Africains qui a déjà fait plus de cinq millions de victimes, c’est la lutte armée qui est encouragée. Et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, dont la France est membre permanent, n’a pas hésité à modifier le mandat des casques bleus de la MONUC initialement de maintien de la paix en celui de forces combattantes contre les rebelles hutu rwandais. Force est de constater que après plus d’un an de conflit dans lequel l’ONU est force combattante, les résultats sont catastrophiques en termes de pertes en vies humaines. La quasi totalités des victimes sont des civiles, femmes, enfants et vieillards innocents.

Le peuple des pays des Grands Lacs attend de vous,Monsieur le Président, qu’en qualité de chef de l’Etat Français, membre permanent du Conseil de Sécurité, à user de votre france parler pour briser ce cercle vicieux de diplomatie docile (soft diplomacy) pour exiger au Président Kagame d’ouvrir l’espace politique au Rwanda et de dialoguer avec son opposition armée et non armée pour trouver une issue pacifique au problème rwandais. Et comme c’est clairement souligné dans le rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) «National Human Development Report – Rwanda 2007», « si rien n’est fait pour combler le fossé entre riches et pauvres, si l’aide extérieure n’est pas équitablement distribuée et si une démocratie effective n’est pas instaurée au Rwanda, le pire pour le Rwanda est à craindre».

Monsieur le Président, le peuple rwandais a beaucoup souffert au-délà des limites raisonnables, et votre contributions pour briser ce cycle de violence séculaire
sera non seulement appréciée par les peuples de la région mais aussi l’histoire retiendra de vous d’un homme éclairé et visionnaire.
Monsieur le Président, il s’agissait là d’une liste, hélas non exhaustive des challenges auxquels font face le peuple rwandais.

L’OPJDR ose espérer que entre deux banquets officiels, trois visites des points d’intérêts et autres conférences de presse, vous aurez quelques instants pour rencontrer ce fonctionnaire ou cet enseignant désemparé qui, pendant toute sa vie scolaire et après plus de vingt ou trente ans de vie professionnelle en utilisant le Français vient maintenant d’être sommé d’apprendre, de parler et d’utiliser l’Anglais du jour au lendemain au risque de perdre son emploi. Ce rwandais lambda attend de vous une assurance que le Français n’est pas une langue des damnés de la terre parce qu’elle vient d’être bannie au Rwanda actuel.
L’OPJDR vous souhaite la bienvenue chez nous et vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notreplus haute distinction.


Pascal Kalinganire
Coordinateur Général

Copie:
Son Excellence Général Paul Kagame
Président de la République Rwandaise
BP 15 Kigali
Rwanda

Published on FRENCH-FRANCIAS

To be informed of the latest articles, subscribe:
Comment on this post